NEWSLETTER 6 : Table des matières |
Droit dAuteurs : durée de protection
Responsabilité du fait des produits défectueux
Droit du Travail : Période dEssai - Faute Lourde - Cumul mandat social / Contrat de travail
Théorie de lapparence Mandat apparent
Droit de lEntreprise en difficulté
Droit Communautaire - Principe de libre circulation des marchandises
Libre circulation des marchandises (millésime automobile)
Edito (Newsletter du 25/05/97)
Il me semblait utile de consacrer ce dernier numéro de la saison 96/97 à lactualité juridique et ainsi remettre à jour certaines informations parues dans les précédentes éditions de votre Newsletter.
Cest la raison pour laquelle, je vous proposerais une fois par an un numéro spécial consacré aux dernières évolutions de lactualité juridique ayant un rapport avec les différents thèmes abordés tout au long de lannée, voire vous dévoiler lexistence de textes en préparation (cf. article sur la responsabilité du fait des produits).
Enfin, ce numéro inaugure une nouvelle rubrique qui figurera dans chacune des prochaines éditions et qui traitera de droit communautaire de manière brève et lisible. Ainsi je pourrais de la même manière vous rendre compte de cette importante source de droit souvent méconnue.
Bien entendu, vous retrouverez à nouveau une information thématique dans les prochains numéros.
Dici la, je vous souhaite une bonne lecture !
Droit dauteurs : durée de protection
La protection des droits dauteurs post mortem a été allongée de 50 à 70 ans par la Loi du 27 mars 1997. Cette durée a été fixée à 50 ans pour les droits voisins. Il sagit dune transposition en droit français dune directive datant de 1993. Ces dispositions sont applicables à compter du 1er juillet 1995.
Responsabilité du fait des produits défectueux
Cette Loi a été examinée en première lecture à lAssemblée Nationale (en tous cas avant sa dissolution) afin de transposer une directive déjà ancienne concernant la responsabilité du fait des produits défectueux.
Elle rendra responsable le producteur et/ou le distributeur des dommages causés par un défaut du produit à une personne ou à un bien.
Il sagira dune responsabilité de plein droit dès lors que le dommage aux biens ou aux personnes a été causé par un produit défectueux de moins de dix ans.
Le délai pour agir serait de 3 ans à compter de la connaissance du dommage du défaut ou de lidentité du producteur (ou distributeur).
Je vous reparlerai en détail de cette Loi dès quelle sera publiée. Elle se trouvait au moment de la dissolution de lAssemblée Nationale en première lecture au Sénat .
La Cour de Cassation a jugé que dès lors que le salarié napprouvait pas sa lettre dengagement dans laquelle était licitement prévu une période dessai dun an (par rapport à la Convention Collective qui lui était applicable puisquelle prévoyait une durée minimale de six mois et maximale dun an) la période dessai se limitait à six mois. En effet, une période dessai ne se présume pas et doit être fixée dans son principe et sa durée dès lengagement du salarié (Cass. Soc., 19 février 1997).
Droit du Travail
Peut être est il utile de rappeler en ces moments que la Cour de Cassation a confirmé le 1er avril dernier que la séquestration par des salariés dun directeur commercial au cours dune grève (en lespèce en les locaux administratifs de lentreprise) constituait un comportement personnel et volontaire constitutif de faute lourde (Cass. Soc., 1er avril 1997 ; Barbarin et a. c/ Sté Pain Jacquet et a.).
Droit du Travail
Cumul mandat social / Contrat de travail
Sachez que, sous réserves de quelques hypothèses prévues par la Loi, lon ne peut cumuler une fonction au titre de mandataire social avec une autre au titre du contrat de travail. En cas dinobservation de cette disposition, ledit contrat postérieur pourrait se voir annuler. Cest précisément ce quà tenter dobtenir un employeur puisque cette disposition larrangeait dans son cas despèce.
Il sagissait dun salarié, embauché par une société mère pour diriger une filiale dans laquelle ledit salarié exerçait un mandat social. Ce salarié a été licencié parce quil ne respectait pas les instructions de la société mère.
La société mère prétendait quil ne pouvait pas y avoir contrat de travail du fait du cumul avec les fonctions de mandataire social exercé par le salarié.
La Cour dAppel a relevé que lintéressé a exercé ses fonctions sous la dépendance des dirigeants de la société mère ce qui caractérise le lien de subordination. Par ailleurs, il ne pouvait y avoir cumul entre le mandat exercé au profit de la filiale et lactivité salariée exercée au profit de la société mère.
La Cour de Cassation vient de rendre une décision remarquée et lourde de conséquence dans la mesure ou elle exprime clairement que "la promesse (unilatérale) est un contrat irrévocable ".
En conséquence, la rétractation est impossible et dès la levée de loption, des conditions et du paiement convenu, la vente est parfaite.
Il en résulte que dès lors la vente peut être constatée judiciairement au lieu de considérer simplement quil y a eu violation dune obligation de faire qui se sanctionne par des dommages et intérêts (3ème chambre civile - 26 juin 1996).
Une société filiale dun groupe avait manqué à ses obligations contractuelles puisquelle na pas mené à son terme lexécution dun contrat informatique.
Les différentes entreprises se présentaient aux tiers comme une entité unique, en les mêmes locaux, usant du même téléphone et minimisant leur désignation propre.
Au surplus les dirigeants de plusieurs sociétés étaient intervenus dans lexécution du contrat qui na pas pu être achevé en raison de la "décision de groupe " darrêter les activités de la société prestataire.
Sur ce, la Cour de Cassation constate labsence dautonomie de la filiale et limmixtion des autres sociétés dans sa gestion et confirme la décision de la Cour dAppel ayant condamnée solidairement lensemble des sociétés du groupe à réparer les conséquences de linexécution de la convention (Sté Econocom location et a. / GIE Gestion croissance).
Dans le même ordre didée, un vendeur de fond de commerce signe un compromis de vente avec une société bénéficiaire prévoyant une clause de dédit dans le cas où le vendeur refuserait de réaliser ladite promesse (incluant la commission de lintermédiaire).
Le problème était que la personne représentant lacquéreur nétait pas mandatée par la société.
Il a été jugé que le fait que lacte ait été signé avec un administrateur de la société bénéficiaire laissait légitimement supposer quil agissait dans les limites dun mandant que celle ci lui avait confié.
Reste tout de même que le tiers doit être de bonne foi et que les circonstances doivent avoir permis de ne pas avoir procédé légitimement à des vérifications.
En lespèce, il a été jugé que le compromis de vente engageait la société.
En loccurrence, lhabit a fait le moine ! (C.A. de Rouen, 2ème chambre civile, 27/2/97)
Sachez que le règlement COB n°88-02 article 1 nouveau prévoit que lactionnaire franchissant le seuil de 10% du capital dune société cotée doit déclarer les objectifs quil a lintention de poursuivre au cours des douze mois suivant.
Cette obligation ne concernait que le franchissement de seuil des 20% du capital.
Le principe de liberté de circulation des marchandises.
Une société avait tenté dexporter en Italie du pain surgelé fabriqué en France.
Cette société sest confrontée à une interdiction de commercialisation en péninsule eu égard à une disposition de cet Etat interdisant la commercialisation du pain comportant un degré dhumidité supérieur à 34%, ayant une teneur en cendres inférieure à 1,40% ou contenant du son.
La Cour de Justice des Communautés Européennes a jugé le 13 mars 1997 (1ère chambre, aff. C-358/95 Tommaso Morellato c/ Unita sanitaria locale USL) quil sagissait dune mesure deffet équivalent à une restriction quantitative au sens de larticle 30 du Traité de Rome.
Elle ajoute que cette restriction ne saurait être justifiée par larticle 36 du Traité (exception à larticle 30 concernant notamment la nécessité de protéger la santé publique).
Enfin, elle ajoute quil appartient aux juridictions nationales de garantir le plein effet de ces dispositions en écartant elles-mêmes les Lois internes non compatible avec le Traité (je vous rappelle que les Traités sont supérieurs aux Lois).
Le pain français (surgelé) pourra donc être commercialisé en Italie. Quel bonheur nest ce pas !
Droit de lentreprise en difficulté :
Un dirigeant dont la société avait été mise en redressement judiciaire a élaboré un plan de continuation quil na pu respecter.
La Cour dAppel de Colmar (suivie par la Cour de Cassation) a constaté que le dirigeant ne pouvait espérer redresser lentreprise puisquil ne pouvait assumer les échéances de son plan ce quil ne pouvait méconnaître (et ce dont le tribunal aurait du sassurer avant dhomologuer le plan NDLR).
En revanche, la Cour a relevé que la poursuite de lexploitation par le dirigeant navait dautres buts que de permettre dapurer une créance fiscale sur laquelle il était personnellement tenu.
Ces constations concernant des faits postérieurs au plan de continuation et antérieurs à la décision ouvrant une nouvelle procédure (qui eux seuls peuvent justifier une telle décision ) ont conduit la Cour dAppel à prononcer la faillite personnelle du dirigeant.
(cass. Com. 11 mars 1997)
Principe de libre circulation (millésime automobile)
Les millésimes que nous connaissons aujourdhui en matière de véhicules automobiles sont périmés !
En effet, la réglementation française en la matière a été jugée "discriminatoire " par la CJCE (non conforme au principe de libre circulation des marchandises) puisque ledit millésime dépendait en France dune déclaration précisant le modèle concerné effectué obligatoirement par le constructeur (ou importateur) officiel mais jamais les importateurs parallèles.
Avec ce système, les véhicules importés avaient un millésime antérieur aux véhicules commercialisés par la voie officielle alors quen fait, il sagissait de voiture produite au même moment.
La seule différence était administrative et pouvait maintenir le consommateur dans lerreur ce qui constitue bien une atteinte à la libre circulation... et cest bien le cas de le dire !